Circonstances floues autour de la fermeture du Colisée à Saint-Raphaël
Me Michel Mas (à droite) et le gérant du Colisée, Patrick Vincent aux côtés du portique de sécurité de la discothèque qu’ils prétendent «la plus sécurisée de France».(Photo Sébastien Botella)Frappé par une mesure de fermeture administrative de son établissement, Patrick Vincent, via son conseil, a décidé de former une requête en référé devant le tribunal. C’est la survie de la discothèque qui est en jeu. Il y a eu le temps du deuil. Y compris pour Patrick Vincent, le gérant du Colisée, qui déplore toujours aujourd’hui, avec une apparente sincérité, la mort d’Ichem Guerriche, ce Fréjusien de 20 ans. Il avait été tué au petit matin dans d’atroces conditions, le 29 août dernier, à quelques dizaines de mètres de la boîte de nuit raphaëloise. Mais désormais, cet ancien rugbyman doit engager un combat. Pour défendre son honneur et celui de son établissement. Et pour rétablir ce qu’il dit être « la vérité ». Pour éviter aussi un dépôt de bilan qui enverrait une cinquantaine de personnes au chômage. Le Colisée risque de déposer le bilan À ses côtés, Me Michel Mas, l’ancien bâtonnier de Toulon, appelé à la défense de ses intérêts. Tous deux ont appris, vendredi dernier, la décision de la préfecture de fermer le Colisée pour trois mois, au motif d’un risque élevé de troubles à l’ordre public. Une mesure qui s’ajoute à la précédente: 15 jours de fermeture, prononcés dès le lendemain du drame. Et qui est intervenue avant même que Patrick Vincent ait pu formuler ses observations, suite à un courrier du sous-préfet laissant entendre qu’il pourrait écoper de « six mois de fermeture administrative ». Ce qui signerait la mort du Colisée. Alors, le pénaliste toulonnais a formé une requête en référé auprès du tribunal administratif, demandant la suspension de l’arrêté. Son équilibre financier menacé Un recours qui se fonde sur l’urgence – la préservation de 49 emplois en CDI et des extras auxquels le Colisée fait régulièrement appel. Car, écrit l’avocat: « La perte des bénéfices escomptés à l’occasion de plusieurs soirées prévues entre le 13 septembre et le 13 décembre 2015 menace, à très brève échéance, son équilibre financier ». Les charges fixes de l’entreprise sont, en effet, très élevées: plus de 150.000 euros par mois de masse salariale et un loyer de l’ordre de 13.000 euros. Michel Mas émet également de sérieux doutes quant à la légalité de l’arrêté pris par la préfecture. Mais, surtout, il conteste l’appréciation qui, depuis le début de l’affaire, laisse entendre que le service de sécurité du Colisée n’aurait pas été à la hauteur. Et il rappelle que: « – La fréquentation de l’établissement, ce soir-là, était d’environ 800 personnes, pour une contenance autorisée de 1.800. La discothèque n’était donc même pas remplie à la moitié de sa capacité. – Vingt agents de sécurité étaient présents dans la nuit du 28 au 29 août, soit un pour quarante clients, outre les 49 autres employés, alors que la réglementation exige un agent pour cent clients. – Les services d’ordre de la discothèque ne se sont, en aucun cas, contentés d’exclure les éléments perturbateurs de la discothèque puisque, dès l’apparition de tensions, ils ont appelé la police nationale et sollicité une intervention ». Critique des services de police Et le rôle des services de police, précisément, est vivement critiqué par le conseil de Patrick Vincent. À ses yeux, « ils ont fait preuve d’une négligence manifeste [au contraire] de la sécurité du Colisée qui n’a eu de cesse de les appeler ». Il précise: « Les bandes de vidéosurveillance montrent que la police est arrivée sur les lieux à 5h28. Or, selon les propres déclarations de la commissaire, « le drame s’est joué entre 5h25 et 5h32. » Les services de police étaient donc présents à l’heure exacte où le jeune homme décédé a été frappé ». « Aucune arme n’était présente durant la soirée » Autre argument mis en avant par l’avocat: « Aucune arme n’était présente durant la soirée, tant au sein de l’établissement que sur le parking ». Comment peut-il en avoir l’assurance? Le Colisée dispose à l’entrée d’un portique semblable à ceux qui sont utilisés dans les aéroports. Difficile d’infiltrer la moindre arme blanche à l’intérieur. Enfin, le parking sur lequel Ichem a été victime de ses bourreaux est celui de l’école Stanislas, et n’a pas de lien direct avec le Colisée. Les policiers « ont laissé éclater leur amusement » En conclusion donc, Michel Mas se dit persuadé « que la fermeture prononcée a un unique but de sanction, qui semble motivée par la nécessité de trouver un responsable aux événements dramatiques de la nuit du 28 au 29 août. Elle tend à éviter toute accusation de laxisme de la part de la préfecture, alors même qu’aucun des individus responsables du décès du jeune homme n’a été interpellé et que les services de police ont manifestement manqué à leur devoir ». Un constat sévère auquel s’ajoutent certains éléments troublants: l’enregistrement d’un message laissé sur le répondeur de Patrick Vincent, et émanant du commissariat de Fréjus, dont la teneur a laissé sans voix le destinataire. « Les policiers, qui me demandaient de venir chercher le courrier émanant de la sous-préfecture, ont omis de raccrocher le téléphone à la fin du message et ont alors laissé éclater leur amusement par des bruitages de trompette, des éclats de rires et des exclamations joyeuses. C’est quand même de la mort d’un jeune homme et de cinquante emplois menacés dont il est question! » Michel Mas conclut, sans prendre de gants: « Il existe une collusion entre la préfecture et la police, qui souhaitent manifestement infliger une sanction au Colisée. Et ce, pour des raisons bien éloignées d’un quelconque intérêt général… ». Mais lesquelles?
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